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AVRIL 4 2023

Poisson d’avril médiatique, fake news, IA : une histoire à ne pas avaler

Traditions médiatiques bien ancrées, les blagues dans les médias publiées à l'occasion du 1er avril sont attendues par les uns, redoutées par les autres, accusées de jeter le trouble face aux pléthores d'informations, vraies ou fausses, auxquelles nous avons aujourd'hui accès. Alors le poisson d’avril dans les médias en rajouterait-il encore une couche dans notre difficulté à décoder l’information ? Ou jouerait-il un rôle pertinent dans la lutte contre la désinformation ? Qu’en est-il de l’Intelligence Artificielle, accélérateur ou aide à l’identification des fakes news ? Quoi qu’il en soit, la lutte contre la désinformation devient de plus en plus cruciale. Plongez avec nous dans les eaux troubles de l’information !

Tantôt fausses mais vraisemblables, tantôt vraies mais invraisemblables, la confusion créée par le flot d’informations dans lequel nous sommes baignés, a conduit certains médias à abandonner cette tradition, estimant qu’il n’est pas pertinent de participer à mélanger le vrai du faux - même sur le ton de l’humour -, alors que chaque jour marque la lutte des médias contre la désinformation, l’importance de la rigueur et la vérification des faits.

Les Luxembourgeois sont conscients d’être confrontés aux fausses nouvelles : 8 % des répondants luxembourgeois d’une enquête de l’Eurobaromètre sur les médias et l’actualité 2022, commandée par le Parlement européen pensaient avoir été « très souvent » exposés à la désinformation et aux fake news au cours des 7 derniers jours, et 20 % pensaient que c’était arrivé « souvent ». Seuls 3 % ne pensaient pas y avoir été confrontés.

Mais encore faut-il savoir reconnaître une fausse nouvelle lorsque l’on en voit une. On vous a donc posé la question dans un sondage sur LinkedIn. 67% des répondants se sentent capables de reconnaître les fake news lorsqu’ils en voient une, 11% ne s’en sentent pas capables, et 22% ne savent pas s’ils le peuvent. Il faut dire qu’avec l’émergence de l’IA, la frontière entre information et création artificielle est de plus en plus floue.

L’enquête de l’Eurobaromètre montrait des résultats similaires avec une majorité des répondants luxembourgeois confiante quant à sa capacité à reconnaître la désinformation lorsqu’elle en rencontre : 11 % étaient « très confiants » et 56 % « plutôt confiants ». Le niveau de confiance dans la reconnaissance des vraies et fausses infos décroît avec l’âge et augmente avec le niveau d’éducation.

Attention, ça mord !

Alors, si d’aucuns estiment que les blagues du 1er avril n’ont plus leur place à l’heure des fake news, elles pourraient pourtant aider à mettre en lumière les mécanismes de la désinformation et sensibiliser aux techniques de manipulation de l’information et permettraient ainsi d’inciter les consommateurs de l’information à être plus prudents.

Mais pour préserver la crédibilité des médias, il est important d’identifier clairement la parenthèse journalière que représente le poisson d’avril. Car il ne s’agirait bien sûr pas de sacrifier la confiance élevée que les Luxembourgeois accordent à leurs médias sur l’autel de l’humour. Selon l’enquête de l’Eurobaromètre, 65 % des répondants luxembourgeois estiment que les médias audiovisuels sont une source d’information fiable (alors que le chiffre tombe à 49 % pour la moyenne européenne) et 63 % accordent leur confiance à la presse écrite (seuls 39 % au niveau européen).

Et l’IA dans tout ça, allié ou cheval de Troie des fake news ?

Entre ceux qui estiment que l’Intelligence Artificielle est un accélérateur de fake news - par sa capacité à générer de fausses informations (images, textes, reproduction de voix, vidéos…) qui semblent authentiques ; et ceux qui voient en l’IA une aide pour détecter et limiter la propagation des fake news, l’information balance. Les algorithmes d’apprentissage automatique sont désormais entraînés à reconnaître les modèles et caractéristiques qui distinguent une fausse info d’une vraie. L’IA analyse alors les faits, les sources, le langage ou encore les utilisateurs qui contribuent à leur diffusion, et a donc un rôle à jouer dans la détection des fake news. Elle ne remplacera pourtant pas (de si tôt en tout cas) le rôle clé de l’humain dans l’analyse et la vérification des informations, avec sa capacité de jugement et sa compréhension fine du contexte et de la connotation. Et bien que des améliorations aient été réalisées ces dernières années, la reconnaissance du sarcasme reste une des problématiques les plus difficiles pour les systèmes de l’IA. Reste qu’il est crucial de continuer à développer des mécanismes pour détecter et prévenir les fake news générées par l’IA.

Et dans tout ça, on a décidé de garder le positif. Que ce soient les poissons d’avril médiatiques, les fakes news ou l’IA, chacun à sa manière nous rappelle en tout cas l’importance de la vérification des faits et notre responsabilité dans la diffusion de l’information, pour lutter contre les fausses informations et promouvoir une culture de vérité et de transparence.

Auteur : Jennifer Pierrard