MAI 3 2019
L’oeuf où la poule - la liberté de la presse dans les médias commerciaux
Chapeau ! à la Norvège qui occupe la première place du classement mondial de la liberté de la presse 2019 établi par Reporters sans frontières (RSF). Le rapport indique -qu'à côté d'une augmentation de la peur et du déclin d'un environnement totalement sécurisé du travail-, la région européenne, "est celle avec la 2e plus grande dégradation au niveau de la liberté de la presse"*, ... sachant que l'Europe reste toujours la région où la liberté de la presse est le plus respectée. Selon le rapport, la détérioration est due à des menaces d'assassinat, à des agressions verbales et physiques et à un niveau de violence sans précédent contre des journalistes (événements en France !), - une triste preuve pour certaines de nos démocraties européennes.A un niveau inférieur, il y a aussi une raison structurelle au risque d'influencer les médias, car la frontière entre les activités des rédactions et les services publicitaires des médias n'est parfois pas clairement dessinée.
Et oui, il est inconcevable que des entreprises en viennent à croire que leur investissement publicitaire majeur finira par déclencher un contenu éditorial ou par empêcher les journalistes d'être critiques. Et pourtant, nous les guidons et leur conseillons de concevoir des contenus intéressants, de lancer des discussions ouvertes, de contribuer à la formation de l'opinion publique, de fournir des preuves de concept pour de grandes idées et des contributions aux économies locales et mondiales, d'être disponibles pour la critique, etc.
Mais comment répondre à la méfiance des entreprises quand, après la publication d'une interview à la suite de l'annonce de résultats financiers solides, d'une prise de participation ou d'une fusion-acquisition réussie, le téléphone du directeur de la communication sonne le lendemain avec une demande de rencontre avec l'équipe publicité du média ?
Il y a définitivement deux facettes à cela - l'histoire de la poule et de l'œuf.
C'est pourquoi nous croyons fermement que si nous voulons faire mieux en Europe et principalement dans les pays où la liberté de la presse est généralement la plus respectée, les médias doivent signaler clairement les publicités d'information à leurs lecteurs et, surtout, tenir les équipes commerciales et éditoriales rigoureusement distinctes. Bien sûr, cela ne résout en rien le problème de la sécurité pour les journalistes dans le monde, mais ce serait une première contribution à l'augmentation et au respect des médias en général et du journalisme en tant que profession et "pouvoir" en particulier.
* https://rsf.org/en/2019-world-press-freedom-index-cycle-fear
